Au Brésil, le métier d’analyste financier est réglementé par la Comissão de Valores Mobi-liários depuis 2003. L’Association brésilienne des analystes et professionnels de l’investisse-ment (Apimec) a quant à elle plus de quarante années d’existence. Elle agit à la fois comme entité certificatrice et organe de surveillance de la profession.
L’activité d’analyste financier au Brésil est réglementée depuis 2003, année où la Comissão de Valores Mobiliários (CVM)1 a édi-té l’instruction 388 réglementant la profession. Avant l’entrée en vigueur de cette instruction, l’Association brésilienne des analystes et pro-fessionnels de l’investissement (Apimec), fondée il y a plus de 40 ans, proposait des examens de certification pour l’exercice de la profession. Depuis 2003, trois modifications ont été apportées à l’instruction d’origine. La dernière de 2010 a remplacé la norme initiale, avec l’instruction CVM 483. L’Apimec, déjà entité certificatrice, est alors devenue un organe de sur-veillance de la profession d’ana-lyste financier par délégation de l’organe régulateur du marché de capitaux.
L’association exerce ses activités de certification et de surveillance en se fondant sur le respect des points techniques prévus dans l’instruction. L’autorégulation est une ten-dance solide sur le marché bré-silien de capitaux, le régulateur ayant constaté la capacité tech-nique et l’indépendance des enti-tés représentatives du marché (entités sans but lucratif) pou-vant l’exercer.
Mais l’autorégulation n’est pas toujours déléguée. Dans le domaine de la comptabilité, par exemple, le Comitê de Pro-nunciamentos Contábeis (CPC)2 – organe formé par des entités du secteur privé, où les régulateurs sont auditeurs, mais sans droit de vote pour les décisions – est char-gé d’émettre les normes comp-tables brésiliennes, toujours sur la base de normes comptables internationales (IFRS) adoptées par le Brésil.
On peut citer l’expérience réus-sie du Novo Mercado3, segment d’échanges où les entreprises cotées s’engagent volontaire-ment, sur la base d’un contrat, à adopter des pratiques de gouvernance plus strictes que celles prévues par la législation. Plus récemment, en 2012 a été créé le Comitê de Aquisições e Fusões4, sous la direction exclusive d’entités privées, pour surveiller les opérations d’acquisitions et de fusions entre entreprises, sur le modèle du Control Panel anglais. L’instruction définit l’analyste financier comme : « la personne physique qui, en tant que professionnelle, élabore des rapports d’analyse destinés à être publiés, diffusés ou distribués à des tiers, même si ces tiers ne sont constitués que par des clients. » L’activité d’analyste financier peut être exercée de manière autonome ou dans des institutions faisant partie d’un système de gestion et de distribution de valeurs financières, ou encore au sein d’entreprises ayant comme objet social exclusif l’activité d’analyse de valeurs financières.
Le texte mentionne une exception notable : elle ne s’applique pas aux personnes physiques ou aux entreprises (agences de notation) qui développent des activités de classification de risque. L’instruction 483 précise égale-ment que l’analyste financier doit agir avec probité, bonne foi et éthique professionnelle, et doit faire preuve dans son activité de tout le soin et toute la diligence attendue d’un professionnel dans sa position. Sont également édictées des règles et des inter-dictions – y compris de négociation – afin de prévenir les conflits d’intérêts, soit de la part de l’ana-lyste, soit de la part de l’entité à laquelle il est lié. Avant de s’enre-gistrer pour l’exercice de la pro-fession, les analystes financiers doivent signer et respecter un code d’éthique, approuvé par la CVM.
L’Apimec, dans le cadre de sa fonction d’organe de surveil-lance, reçoit tous les rapports émis par les analystes de marché, pour vérifier leur adéquation avec les conditions prévues dans l’ins-truction 483. Les éventuels écarts sont punis selon la gravité de la faute ou de la transgression. Les sanctions comprennent, dans les cas les plus simples, un avertis-sement ou une amende et, dans les cas plus graves, la suspension temporaire ou même l’interdic-tion d’exercer la profession.
Bien que les procédures opéra-tionnelles soient à la charge de l’Apimec, les décisions relatives à la surveillance sont prises par un Comitê de Supervisão do Ana-lista (CSA)5, organe qui réunit des experts disposant d’expérience notoire et des représentants d’entités de divers segments du marché de capitaux, dans lequel les analystes sont minoritaires (moins d’un quart des votes). La composition du CSA vise à préserver un haut degré d’indé-pendance dans les procédures et décisions.
Les examens de certification sont proposés par l’Apimec en conti-nu, et réalisés dans des centres d’examens répartis sur quasiment l’ensemble du territoire national, ce qui est important dans un pays aux dimensions continentales comme le Brésil.
La certification est divisée en trois catégories : CNPI pour l’analyste fondamentaliste, CNPI-T pour l’analyste technique et CNPI-P pour l’analyste ayant un niveau d’expérience intermédiaire (fon-damentaliste et technique). Pour être certifié, le profession-nel doit être approuvé aux exa-mens suivants:
• CB (“contenu brésilien”) étape commune pour l’analyste fon-damentaliste, technique et celui disposant d’un niveau d’expé-rience intermédiaire. L’épreuve comporte 60 questions abordant les sujets suivants : système financier national, marché de capitaux, marché de revenu fixe, marché de dérivés, concepts éco-nomiques, éthique et rapports, gouvernance d’entreprise.
• CG1 (“contenu global 1”) étape pour l’analyste fondamentaliste. Une épreuve englobant des ques-tions concernant deux grands thèmes :
1. analyse et évaluation d’actions et de finances d’entreprise;
2. comptabilité et analyse de chiffres d´affaires.
CT1 (“contenu technique 1”) étape pour l’analyste technique. Une épreuve contenant des questions sur les sujets suivants : principes de l’analyse technique ; Dow. Elliott, Fibonacci et Candle Stick ; droites, tendances, et moyennes mobiles ; stop, sup-port et résistance ; volume et contrats ouverts.
La certification est renou-velée tous les cinq ans par un nouvel examen ou par l´accomplissement d’un pro-gramme de formation continue. Le nombre d’analystes certifiés et accrédités a augmenté ces dernières années et ce, en dépit des effets de la crise financière internationale et de la réduction plus récente des taux de crois-sance de l’économie brésilienne et en contraste avec la forte ex-pansion observée lors de la der-nière décennie, qui a contribué à un élargissement substantiel du nombre de entreprises cotées et des volumes négociés sur le mar-ché brésilien de capitaux.
Bien qu’il ne connaisse pas une période particulièrement favo-rable actuellement, le marché d’actions brésilien présente encore des chiffres remar-quables : le marché d’actions, draîne, entre 2 et 2,5 milliards d’euros par jour. À ce montant, il convient d’ajouter un volume entre 1,0 e 1,5 milliards d´euros par jour négocié sur les Bourses nord-américaines, sous la forme de l’American Depositary Re-ceipts (ADRs).
Au total, le volume consolidé se situe entre 3 et 4 milliards d’eu-ros négociés quotidiennement avec des actions d’entreprises brésiliennes, les investisseurs étrangers étant responsables de près des deux tiers de ces flux (en considérant leur participa-tion dans le volume négocié en interne et dans celui des transac-tions aux États-Unis et sur les autres marchés).
Ces caractéristiques confèrent au marché brésilien d’actions un haut degré d’internationalisation, qui se reflète dans l’activité et sur le marché du travail des analystes financiers, augmentant, en même temps, la responsabilité des professionnels et les exigences d’amplitude et d’efficacité des processus de certification et de supervision de la profession.
(1) Commission des valeurs financières, organe qui régule le marché brésilien de capitaux. (2) C’est une commission qui édicte les règles comptables. (3) Nouveau Marché. (4) Comité d’Acquisitions et de Fusions. (5) Comité de Supervision de l’Analyste.
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